mardi 18 novembre 2008

Qu’il crève le P.S, qu'il disparaisse le parti colonial


























Saurez vous reconnaître ces prestigieux héros du P.S, ces pionniers de la libération du prolétariat franchouillard ?


"L'armée française, l'armée du pays des droits de l'homme, je suis formel, ne pratique pas la torture en Algérie"
Guy Mollet, 1957

"l'Algérie c'est la France, avec le FLN, la seule négociation c'est la guerre" Mitterrand, Alger 1954

"chaque matin je me demande comment je peux être utile à Israël " Strauss-Kahn à l'hebdodadaire La Vie

Le congrès de Reims domine l'actualité. Je souhaite de toute mon âme non pas simplement la destruction mais le concassage par le menu, la vitrification, que dis-je la vaporisation pure et simple du P.S. Un parti à qui l'on doit la mort du mouvement né de la marche pour l'égalité de 1983, un parti qui a tué la résistance des banlieues de cette époque par sa politique du tout SOS racisme, un parti qui a réussi à vendre le colonialisme aux classes populaires blanches, qui a toujours été à l'avant garde du chauvinisme et des guerres impérialistes depuis sa fondation au congrès de Tours en 1920 ( aujourd’hui, normal, le P.S en parti colonial qu'il demeure soutient la "départementalisation" de Mayotte, véritable recolonisation de l’île, illégale au regard de l'ONU, organisée par Chirac et Sarko ! D'ailleurs le PC même si sa secrétaire générale ou plutôt présidente a demandé à Chirac, en son temps, de respecter le droit, devrait être un chouille plus énergique sur la question car là c'est plutôt 2 de tension et apparemment elle ne prévoit aucune mobilisation contre ) un tel parti insensible à toute remise en question de son passé, ne mérite que la mort, pas de vie pour les ennemis de la vie.


Nous n’avons rien à regretter au contraire à la disparition du P.S. Dansons la carmagnole ! Un parti dont l'ancêtre la SFIO faisait interdire l'organisation indépendantiste algérienne l'Etoile nord-africaine de Messali Haj ainsi que les écoles Ibn Badis, en 1936 au moment du Front Populaire. Qu'il crève le P.S. Au moins nos frères du Viet Nam, de Sétif et Guelma en 1945, de Dakar en décembre 1945, de Madagascar en 1947, de toute l’Algérie, du Cameroun, d’Egypte en 1956 etc tous ceux massacrés avec la bénédiction et la participation même du P.S ou de la SFIO sa matrice seront un peu vengés. Je suis revanchard et j’en suis fier. Je crois aux vertus de la vengeance. Je n’oublierai jamais la collaboration du P.S à la torture, aux crimes coloniaux. Je pense aux dizaines de frères du FLN mais aussi à Fernand Yveton, militant CGT d'Alger, tous guillotinés alors que Mitterrand ministre de la justice sous Guy Mollet, pendant la guerre d'Algérie avait refusé de présenter leur grâce. Mais je songe aussi au fait que les 2/3 des députés SFIO ont voté les pleins pouvoirs à Pétain en juin 1940. Je comprends et je soutiens ceux qui ayant souffert de l’occupation nazie ( juifs, Tsiganes, résistants etc ) ont le désir de voir s’appliquer la justice à l’encontre de leurs bourreaux, bien sûr à condition que leur soif de justice ne soit pas instrumentalisée par l'impérialisme, de même pour les Amérindiens ou les Arméniens en rapport avec l'extermination subie ( en ce qui concerne ces derniers, les responsables du génocide sont bien les éléments nationalistes et chauvins turcs style Mustapha Kemal et non les tenants du système Ottoman. Leurs bourreaux sont bien ceux qui justement prenant modèle sur le modèle de l'Etat nation français homogène ont liquidé progressivement de l'intérieur le système ottoman multi-national plutôt tolérant pour l'époque à l'égard des minorités ). Mettez vous bien ça dans la tête, tortionnaires de la SFIO, c'est idem pour les massacres coloniaux dans lesquels vous avez trempé: Madagascar, Indochine, Cameroun etc. Savez vous qu'un certain Charles Ceccaldi Reynaud grand responsable de la SFIO à Alger dans les années 50 deviendra également un des boss de la DST en pleine guerre d'Algérie , La Rose et la gégène sont parfaitement compatibles ( pour les plus jeunes la gégène désigne une dynamo électrique manuelle destinée à la torture, notamment pendant la guerre d' Algérie )

Je veux qu’un tribunal juge les crimes du colonialisme français, auxquels le P.S a été lié. Quant aux éléments sincères et anti impérialistes du PC ils feraient bien d'oublier le "F" du sigle de leur parti, de méditer eux aussi certains épisodes peu reluisants de répression coloniale auxquelles celui ci a été associé ( rappelons nous la fameuse motion raciste de la section algérienne de Sidi Bel Abbès du PCF, en 1922 (1) A Sétif et Guelma en 1945 des miliciens proches du PCF participèrent au massacre, l'aviation française qui bombarda alors le Constantinois en 1945 était commandée par un ministre communiste, Charles Tillon, pourtant un héros de la résistance FTP de la région de Bordeaux, le PCF a voté les pleins pouvoirs à Guy Mollet en 1956 ). Mais ceux ci doivent aussi se demander où les a conduit la politique de copinage avec le P.S. où les a mené le liquidateur Hue ( organisateur de la manifestation raciste de Montigny-les-Cormeilles en 1980 contre une famille marocaine ) où les a mené l'alliance avec le P.S puisque le PC n’a cessé de fondre depuis selon les espoirs de Mitterrand. Ils seraient bien inspirés d’inciter Mme Buffet à avoir sur la Palestine une politique de soutien résolu au peuple palestinien et d’adopter sur la question les positions courageuses de certaines municipalités comme Stains, Saint Denis, Montataire, La Courneuve. Mme Buffet n’était pas obligée en juin 2008 d’aller au Liban avec Sarko, dans son jet en plus et placée même à côté de lui. Tout ça pour dire que "la France se préoccupe du Liban". Mais de quel droit ?! Un communiste sincère doit rompre avec le prisme social- impérialiste sinon il est fichu, c’est pas la peine de continuer. Pourquoi Mme Buffet et M. Besancenot aussi d’ailleurs ne s’expriment-ils jamais publiquement et avec force sur le blocus de Gaza, sur la colonisation en Cisjordanie, sur le sort des réfugiés ? Pourquoi craignent-ils d'affirmer que Hezbollah et Hamas sont des organisations de résistance ?

La classe politique française de gauche ou d’extrême gauche ( Lutte ouvrière on n'en parle même pas, c'est trash ) les anars ( leur arrogance anti religieuse c'est tout ce qui leur reste ), la LCR ( Krivine, quelle lumière ce mec, tout de même, lui qui nous avait confié en 2005 "En France comme en Angleterre les immigrés ne descendent jamais dans la rue") le P.S, ( no comment) bref, en gros et en détail, cette gauche m’ a toujours stupéfait pour sa propension à donner des leçons, son européo-centrisme, son incapacité à penser et à se penser en dehors de la blanchitude. Enfin je vous dis "m'a toujours stupéfait", c'est pour faire style car en fait j’m’en balance, j'm'en tape complètement, j'en ai assez d'être gentil et d'essayer de comprendre, ça fait trop longtemps, j'en ai assez d'attendre qu'un parti blanc nous aime et prenne en compte nos revendications. Que la mer les engloutisse tous ! C'est sûr c'est pas sympa pour elle mais elle est capable de digérer bien des marées nauséabondes. Et vive le P.I.R. !

(1) Cette section pourtant communiste réagira comme toute la SFIO socialiste. Elle s'opposa avec force à la demande d'émancipation des indigènes contenue dans la huitième condition des 21 imposées par Lénine en 1920 à tous les partis auparavant socialistes qui voudraient se définir comme communistes. Celle ci exigeait de « soutenir en fait et non seulement en paroles tout mouvement insurrectionnel dans les colonies », de développer parmi les ouvriers de la métropole et des colonies « des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population indigène laborieuse », d’y répandre le mot d’ordre « jeter les impérialistes dehors », et de mener une propagande systématique et continue dans l’armée contre l’oppression et les guerres coloniales. (tiré de l'article de Guy Pervillé Communisme, anticommunisme, décolonisation.2000 citant lui-même Ageron)

Zulficar le vengeur .



lundi 17 novembre 2008

Hommage à Saad Abssi l'homme aux mille combats



















Saad Abssi le 13 novembre dernier au CICP: donnant l'accolade à la porte-parole duMIR Houria Bouteldja en haut à droite ou plaisantant avec votre serviteur en bas.
( Merci à Hsissou pour les photos )




Voilà cinquante ans que ce jeune et infatigable octogénaire vit et milite en France : du FLN aux associations issues de l’immigration, Abssi a toujours été là, sur tous les fronts du combat démocratique et pour la citoyenneté, ici comme là-bas. Cet hommage que nous voulons lui rendre, sera aussi l’occasion de rappeler les moments forts de la mémoire des luttes de l’immigration.

Honneur à toi, Saad !

Au CICP 21 ter rue Voltaire s'est déroulée jeudi 13 novembre une très émouvante soirée en hommage à notre ami et camarade Saad Abssi, Si Larbi de son nom de guerre pendant la lutte d'indépendance algérienne.
Etaient présents nombre de ceux, militants de toutes les immigrations, du Gisti, du Cedetim, de l'agence Im'média, de radio Soleil et même plus récemment du MIR ( dont il a été d'une certaine façon l'un des parrains à sa fondation) en bref les jeunes de tout âge et de toute provenance ( le militantisme est le seul élixir de jouvence connu à ce jour ) qui l'ayant croisé à un moment ou un autre de leur vie politique ont pu apprécié cet esprit fin, cet orateur de talent, ce militant sans frontières, inépuisable de générosité et d'abnégation. Des prisons coloniales françaises aux grèves de l'immigration, de la dénonciation des meurtres racistes ici à la mise en accusation des régimes policiers ou à la défense des luttes populaires au Maghreb, de la lutte contre le régime raciste de Pretoria du temps de l'apartheid en Afrique du sud à la défense de la révolution palestinienne, Saad Abssi accompagne nos luttes depuis un demi siècle.

C'est avec lui que lors de la première Marche des Indigènes, le 8 mai 2005, le MIR avait rebaptisé symboliquement la place du 8 mai 1945 à Paris Place des Martyrs de Sétif et Guelma.
( Voir photo tout en haut à gauche ).

mercredi 12 novembre 2008

RE-Souvenir de Myriam Makeba




Photo: Myriam Makéba en Algérie dans les années 70















Très belle chanson en arabe de Myriam Makéba algérienne d'adoption.


Pour écouter la chanson copier-coller l'adresse suivante

http://dl.free.fr/jGPBAmXKZ

( Merci Hassan )




Policiers israéliens sur le toit d'une maison arabe de Jérusalem, destinée à être détruite.

le 09-11-2008


Et pendant que le monde a les yeux fixés sur la crise financière et l'élection d'Obama, imperturbable, la colonisation sioniste de Jérusalem continue.

Encore une famille palestinienne expulsée de sa maison à

Jérusalem-Est !



Tiré du site d'ISM France.


La police israélienne a expulsé dimanche 9 novembre à l’aube la famille Al-Kurd de son domicile à Sheikh Jarrah, un quartier de Jérusalem-Est. Elle a arrêté des militants internationaux qui se trouvaient dans la propriété en solidarité.
La famille Al-Kurd qui vient d’être expulsée avait organisé une campagne populaire contre son expulsion programmée il y a trois mois et demie et avait installé un camp de protestation où se déroulaient régulièrement des actions voir photos et carte détaillée : (www.sheikhjarrah.com)


Depuis, la police occupe les lieux en attendant de les remettre aux colons qui prétendent en être propriétaires depuis…1800. La décision de justice qui a permis cette expulsion ouvre la voie à la destruction pure et simple de tout le quartier de Sheikh Jarrah afin d’y construire 200 logements comme le propose l’association de colons Nahlat Shemoun. Plus de 500 Palestiniens risquent ainsi d’être jetés à la rue.

*Carte des secteurs menacés - The Applied Research Institute - Jerusalem (ARIJ) (agrandir la carte )*
À environ 4h30 du matin, la police israélienne a débarqué dans la propriété de la famille Al-Kurd. Huit internationaux, des Américains, Canadiens, Anglais et Suédois, se trouvaient dans le camp de protestation établi sur la propriété de la famille Al-Kurd. Ils ont été arrêtés et sont actuellement détenus par Israël à Jérusalem.

Cette expulsion a eu lieu en dépit de l'indignation internationale et des objections soulevées face au projet d'expulsion, y compris une protestation officielle des Etats-Unis (voir www.haaretz.co.il/hasen/spages/1005342.html).
*La décision va permettre la saisie de 26 maisons à plusieurs étages dans le quartier, menaçant de rendre 500 Palestiniens sans abri et signifiant le nettoyage ethnique des Palestiniens de Jérusalem-Est occupée par l'État israélien. *

Le quartier Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est a été construit par les Nations Unies et le gouvernement jordanien en 1956 pour abriter les réfugiés palestiniens de la guerre de 1948.

La famille Al-Kurd a commencé à vivre dans le quartier, en tant que réfugiés de Jaffa et de Jérusalem-Ouest. Toutefois, avec le début de l'occupation israélienne de Jérusalem-Est, à la suite de la guerre de 1967, des colons ont commencé à revendiquer la propriété du terrain sur lequel le quartier Sheikh Jarrah avait été construit.

En déclarant qu'ils avaient acheté le terrain à un ancien propriétaire ottoman dans les années 1800, des colons ont revendiqué la propriété des terres.

En 1972, les colons ont réussi à enregistrer cette revendication dans le Registre des Terres d’Israel. Alors que la famille Al-Kurd avait entrepris des procédures judiciaires pour contester la revendication des colons, les colons ont déposé une plainte contre la famille palestinienne.

*En 2006, le tribunal a déclaré nulle la revendication des colons, en reconnaissant qu'elle était basée sur de faux documents*. Ensuite, l’avocat de la famille Al-Kurd a demandé au Registre des Terres Israélien d’annuler l'enregistrement des colons comme propriétaire du terrain et d’enregistrer le véritable le nom du véritable propriétaire. Bien qu'il ait annulé la revendication la demande des colons, le Registre des Terres Israélien a refusé d'indiquer le nom du propriétaire du terrain. Ce refus est au mépris de la décision des tribunaux.

Pour compliquer encore plus la situation de la famille Al-Kurd, des colons ont commencé à occuper une extension de leur maison. Bien que leur revendication de la terre ait été annulée, les colons ont reçu les clés de l’agrandissement de la maison de la famille Al-Kurd de la municipalité locale israélienne. Cela a été possible après que la municipalité ait confisqué les clés de l'agrandissement que la famille Al-Kurd avait construit sur leur propriété pour l'expansion naturelle de la famille. Lorsque cet agrandissement a été déclaré illégal par les autorités israéliennes, la municipalité israélienne a remis les clés aux colons israéliens.

En Juillet 2008, la Cour suprême israélienne a ordonné l'expulsion de la famille Al-Kurd parce qu’elle refusait de payer un loyer aux colons pour l’usage de la terre. Bien que la revendication des colons à la terre ait été annulée deux ans plus tôt, le tribunal a basé sa décision sur un accord conclu entre un ancien avocat et les colons. Il convient de noter que la famille Al-Kurd et le quartier Sheikh Jarrah dans son ensemble avaient rejeté cet accord et viré leur représentant légal.


Dans le même temps, les colons de *l’association Nahlat Shemoun *ont publié une proposition visant à démolir le quartier Sheikh Jarrah pour y construire 200 logements. L'Union Européenne a qualifié les actions du gouvernement israélien à Jérusalem-Est de «discriminatoire» et reconnaît une «/intention claire d'Israël de rendre l'annexion de Jérusalem-Est une réalité concrète/." Israël a annexé unilatéralement Jérusalem-Est suite à la guerre de 1967, en dépit de l'illégalité de ces actions en vertu du droit international.


NOTE : Les 7 internationaux ont été libérés à 9h ce matin

mardi 11 novembre 2008

Myriam l’Anti Joséphine Baker









Ci-dessous Myriam Makeba et Stokey Carmichael leader Black Panthers à Alger 1971





Parmi les mélodies qui me hantent depuis ma plus lointaine enfance, figure un refrain lancinant et tenace qui revient sans prévenir aux moments les plus inattendus. Lorsque le corps occupé à quelque tâche aussi fastidieuse qu’essentielle permet à l’esprit avide de flânerie, de puiser motif à évasion dans ses archives intérieures. Pas une mélodie mais un film, une épopée que dis-je une saga illuminée de soleil, de fraternité et de lutte. Tout ça en un éclair, le temps d’une petite ritournelle sifflotée sans y prendre garde. C’est ainsi, par sa chanson phare Pata, Pata, longtemps après qu’elle l’ait interprétée pour la première fois, que j’ai connu l’incomparable Myriam Makeba.

Et invariablement cela me ramène en un clip décapant à Alger fin des années 60, un de ces moments fondateurs et mythiques comme l’histoire en connaît peu mais un épisode que je connais mieux que si je l’avais réellement vécu. Tout se passe en plein festival panafricain de 1969, immortalisé par le film de William Klein. Un festival politique de musique, de danse et d’arts les plus divers, dédié au continent africain en lutte contre le colonialisme et l’impérialisme. Un festival, qui se voulait pour ce pays arabo négro-berbère selon la terminologie savante, tout autant affirmation identitaire, l’ancrage de l’Algérie dans le continent noir que détermination politique à devenir l’un des épicentres du séisme libérateur à venir, comme l’indique le nom même du magazine gouvernemental, Révolution africaine. Ce festival, un gigantesque événement, faisait suite lui-même tout en se voulant son contrepoint version libération, au Festival mondial des Arts nègres de Dakar organisé 3 ans plus tôt en 1966 par un Léopold Senghor décrié car jugé trop proche des néo colonialistes français en ce temps de Guerre froide réactivée.

Dans la capitale algérienne ce même W.Klein réalisera également un portrait d’Eldridge Cleaver**. En effet, c’est dans cette même ville que le dirigeant des Black Panthers alors en exil et protégé par le président algérien Houari Boumédiene avait trouvé refuge comme des dizaines de ses camarades pourchassés par le FBI et la CIA. Ainsi c’est à Alger que l'autre dirigeant des Black Panthers Stokey Carmichaël rencontrera et épousera Myriam Makeba ( Merci à Alcofribas pour le rectificatif ). Une Myriam Makeba qui elle même ayant fui son pays, l’Afrique du sud, dont elle avait été déchue de la nationalité par le régime raciste de Prétoria, venait de se voir offrir la nationalité algérienne. Tout comme des centaines d’autres révolutionnaires d’Afrique et du monde entier elle trouvait au pays des ex fellaga, un soutien politique et matériel sans faille. C’est le temps où dans les rues, les allées des marchés ou les cinémas d’Alger et d’autres grandes villes du pays se pressait une foule bigarrée faite de déserteurs noirs ayant fui la sale guerre du Viet Nam, de militants anti-apartheid de l’ANC compagnons de Nelson Mandela qui les y avaient précédés avant son arrestation, de combattants lumumbistes du Congo, de révolutionnaires angolais, mozambicains ou de Guinée Bissao en lutte contre le colonialisme portugais, de guérilleros colombiens, vénézuéliens, brésiliens ou Tupamaros d’Uruguay, sans parler des multiples délégations officielles cubaines, chinoises, nord viet namiennes et bien sûr des représentants des guérillas arabes, palestinienne, omanaise, yéménite puis plus tard sahraouie auxquelles viendront même se joindre par la suite des militants indépendantistes de pays du nord comme les basques d’ETA ou les Irlandais de l’IRA. Bref toute une internationale tiers mondiste, dans la droite ligne des vœux de la conférence tricontinentale voulue 3 ans plus tôt à la Havane par Mehdi Ben Barka disparu au moment du festival panafricain et qui réunit alors tout ce que le monde pouvait compter comme militants de fronts, mouvements de libération, organisations révolutionnaires ou représentants de gouvernements progressistes les plus divers, prenait corps dans une capitale, Alger, devenue par la volonté politique de ses dirigeants d’alors « Mecque des révolutionnaires » selon le mot célèbre de Amilcar Cabral, le prestigieux leader révolutionnaire de Guinée Bissao et Cap Vert. Ce dernier ayant été assassiné par les services portugais quelques années seulement après ce festival qu’il illumina de sa présence.

C’est ainsi, je n’y peux rien mais à peine égrenées les notes de Pata, Pata me ramènent instantanément au beau visage éclatant de vie et de foi en la lutte de Myriam la combattante. Un visage qui dessinera éternellement pour moi les contours de l’universalisme, pas celui de pacotille des Philippe Val, Max Gallo et autres BHL mais notre universalisme, coloré, chaud et libérateur, lorsqu’Alger la Blanche, n’ayant plus de blanche que l’éclat de ses murs se voyait soudainement repeinte aux couleurs du monde. Une période enfouie mais fantastique et si riche d’espoirs pour l’Afrique, une époque prompte à resurgir aussi prégnante et indélébile dans mon souvenir que le sont les peintures du Tassili dans le Sahara. Une époque dont, parole de chameau, même le désert à la nostalgie.

Y.Boussoumah

http://www.dailymotion.com/video/x1wy11_miriam-makeba-pata-pata_family


En réponse à Alcofribas qui me demande pourquoi je dévalorise ainsi Joséphine Baker dans le titre de ce blog alors que cette chanteuse d'origine états-unienne avait fuit elle-même le racisme pour se réfugier en France et qu'elle avait été engagée politiquement dans son jeune temps, je réponds ce qui suit. C'est l'image qu'elle a donnée d'elle, elle même ou à son insu, qui l'a dévalorisée et qui me pose problème. Joséphine Baker a finalement été bien récupérée par le monde blanc et sans que cela ne soit dénué de racisme d'ailleurs. La femme noire ou arabe on aime tant qu'elle est désirable. De fait je ne garde d'elle que le souvenir de sa plastique ( notamment cette photo où elle ne porte qu'un pagne fait de bananes) et cette chanson "j'ai deux amours" qui pour moi sonnait faux car me disais-je comment peut-on aimer Paris, ce pays si froid et raciste, ( Cependant avec le recul, je veux bien croire que pour les noirs états-uniens et comparé aux Etats-unis la France était sans conteste un havre de paix, tout est relatif !). Sans doute n'avait-elle pas le choix, il faut bien vivre, mais sans qu'elle l'ait forcément choisie l'image qu'elle donnait du monde noir à travers ses prestations télévisées me paraissait vraiment caricaturale et tellement éloignée des bouquins plein de dignité de Sembène Ousmane ou Camara Laye que je lisais alors. Sans doute aujourd'hui serais je plus indulgent avec elle mais ce titre reflète un ressenti lointain. En tout cas le contraste est tellement saisissant avec une Myriam Makeba qui lorsque sa fille est morte dans les années 80 était si pauvre qu'elle a dû l'enterrer toute seule, sans cérémonie. Cette combattante est restée digne tout le temps et a rejoint le paradis des révolutionnaires après un concert militant en soutien à un scénariste Italien menacé par la Mafia.


Encore merci à Alcofribas pour avoir relevé dans mon texte la confusion entre Eldrige Cleaver et Stokey Carmichael, bien identifiable effectivement sur la photo comme l'indique la légende de celle ci.